L’installation vidéo The Turning world explore notre rapport aux habitudes et aux autres. Chen Wan-Jen recrée une scène de notre quotidien grâce à un savant collage numérique. Il a capté grâce à un drone des personnes dans la rue dans différents lieux et à différents moments de la journée. Il a ensuite détouré les personnes, a modifié leurs habits et effacé le sol pour les faire cohabiter sur un même fond. Surplombant la vidéo projetée au sol, nous assistons à une procession de personnes qui marchent mais ne se croisent jamais. Entre l’attente grandissante que quelque chose arrive et le soulagement de constater que rien ne perturbe les personnages, nous sommes plongé-e-s dans notre propre réalité.
Sur un fond gris, des personnages défilent sous notre regard, à vélo, à pied, seul ou en binôme. Qui sont-ils ? Ou vont-ils ? L’artiste laisse la place à notre imagination grâce au fond neutre de l’image et à l’anonymat des personnages. Le caractère anodin de la scène permet facilement de s’identifier aux personnages et le point de vue aérien nous permet d’observer le comportement humain avec recul.
L’œuvre invite le-la spectateur-rice à se questionner sur son rôle et ses actions, sa passivité face au monde tournant (Turning world). Les minutes défilent, on en vient à se demander si quelque chose va finalement se passer, peu à peu, nous nous impatientons. Le sentiment d’être bloqué-e-s entre action et inaction peut faire écho à notre comportement face aux différentes crises sanitaires, sociales et écologiques actuelles. Rien ne vient bouleverser nos habitudes jusqu’au point de basculement. Les notions de boucle temporelle et de point de basculement sont centrales dans cette œuvre. L’aspect répétitif de cette vidéo nous questionne sur notre passivité dans la vie face à un futur point de non retour.