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Kyrielle

<i>Kyrielle</i>

LABBE Boris, Kyrielle, 2011, film

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Kyrielle est une installation vidéo de 10 minutes réalisée avec 285 dessins à l’aquarelle retravaillés sur ordinateur. Au départ, face à un écran blanc, le·la spectateur·rice est amené·e à découvrir un monde onirique constitué de personnages colorés qui s’animent au contact les uns des autres. Un lent travelling latéral, qui suit le sens de lecture traditionnel (de gauche à droite), nous fait voyager dans cet espace blanc, dont la profondeur, la largeur, le haut et le bas, ne sont symbolisés que par les personnages qui vivent à l’intérieur. Le fond entièrement blanc fait d’autant plus ressortir, par contraste, les tâches de couleurs.
 

L’espace blanc et vide se remplit lentement de personnages multicolores, dont les tâches d’aquarelle constituent la forme, des petits bonhommes tremblotants, dont les contours sont mal dégrossis. Ces personnages dégagent une impression de fragilité au commencement du film. Petit à petit, leur nombre croît de manière exponentielle, jusqu’à rendre l’image quasi illisible. Ils envahissent peu à peu l’espace de l’image et recouvrent la totalité de la page blanche. Les couleurs comme les personnages se mélangent. Au milieu de la vidéo, nous arrivons à un point d’acmé : les formes et les couleurs recouvrent totalement l’espace de l’image et créent une vision kaléidoscopique où il n’est plus possible de reconnaître ce qui nous est montré. Nous passons donc lentement de la figuration à la non figuration, le film devient purement abstrait à ce moment-là et dans un jeu de symétrie, le joyeux désordre qui régnait au début s’ordonne paradoxalement. Puis, dans le mouvement inverse le nombre des personnages diminue peu à peu et nous retrouvons la page blanche du départ. Cette vidéo est un palindrome jouant à la fois sur la construction et la destruction, l’apparition et la disparition de l’espace et des personnages.
 

Les personnages interagissent entre eux de différentes manières : ils se rentrent dedans, se poussent, se portent, se serrent la main, etc. On a parfois l’impression que ce sont ces contacts qui font naître d’autres personnages comme dans les processus de division cellulaire. Les formes mutent pour produire toujours plus de monde. Nous sommes face à un processus organique que nous avons du mal à comprendre mais qui produit indubitablement autre chose ; un autre être, une autre forme, une autre couleur. Ce sont ces êtres qui construisent l’espace. Alors même qu’il n’y a aucun repère, certains sont plus grands que d’autres nous donnant l’impression d’une échelle de plan. Les plus grands paraissent être devant alors que les plus petits renvoient à un arrière-plan. Néanmoins, à certains moments de la vidéo, cette convention est mise à mal et la sensation d’espace construit disparaît. Le travelling et la construction en palindrome détruisent également la séparation entre le champ et le hors champ. Les personnages ne semblent ni entrer ni sortir, c’est comme si la caméra essayait, dans un mouvement panoramique, de tout contenir dans un seul cadre. Ce jeu entre le champ et le hors champ est également accentué par le son. Des bruits dont on ne saurait dire s’ils sont intra ou extradiégétiques accompagnent l’action. De faible intensité au début, ils s’amplifient avec la multiplication des protagonistes. Ces sons, en boucle eux aussi, évoquent, tout à la fois, des bruits de machines ou bien des cris étouffés.
 

Difficile de ne pas voir dans cette œuvre différentes métaphores. Tout d’abord, une métaphore de l’art en général. Dans une sorte de méta-langage, l’artiste reprend à son compte le mythe de la page blanche. L’œuvre d’art n’est que le monde créé par l’artiste lui-même. Un monde qui, petit à petit, lui échappe et ne lui appartient plus. Est-ce l’artiste qui donne vie à ces êtres ? N’est-ce pas les personnages qui se construisent eux-mêmes indépendamment de leur auteur ? Aussi, dans une vision plus contemporaine liée à l’écologie, difficile de ne pas voir dans l’envahissement de l’espace par ces personnages grouillant, une image de la surpopulation de la terre. Jusqu’à quel point de non-retour pouvons-nous continuer à croître sans épuiser les ressources de la planète ? L’humanité va-t-elle être obligée de s’éteindre en grande partie pour pouvoir secourir la terre ?
 


Quelques œuvres en lien :
– Christa Sommerer et Laurent Mignonneau, Life Writer
– Chen Wan-Jen, The Turning World



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