L’exposition Irisations présentée à la Fondation Vasarely s’inscrit dans un rapprochement entre l’art cinétique, l’op art et une création actuelle à l’ère numérique qui participe au renouvellement d’un des courants artistiques majeurs du XXème siècle. Les oeuvres présentées explorent le rayonnement lumineux, son spectre, ses couleurs, et le phénomène perceptif. Dans cette exposition qui invite une vingtaine d’artistes contemporains nationaux et internationaux, l’oeil du visiteur, l’espace, l’illusion et le mouvement sont au coeur du processus artistique.
Tout en mettant en perspective sans faire une rétrospective, le titre de l’exposition –Irisations– évoque à la fois la lumière, la couleur, l’iridescence et induit d’emblée l’expérience visuelle et le rapport du spectateur à l’espace.
On retrouve l’importance du mouvement dans des travaux plastiques comme chez Timothée Talard ou Etienne Rey qui intègrent le mouvement du spectateur et ses déplacements dans l’espace pour dévoiler un arc-en-ciel ou générer des empilements d’espaces. Chez Pe Land, le mouvement à l’oeuvre est motorisé et crée un tableau en mouvement explorant les variables colorées du spectre lumineux. Ensuite se déploient les diverses tonalités de la couleur, l’éventail de leur liquidité, l’arc-en-ciel de leur polychromie avec les oeuvres de Troïka et la déconstruction de la lumière blanche avec Flavien Théry.
Enfin, le phénomène optique à l’origine de l’iridescence nous est dévoilé. Le terme dérive du grec ancien Iris qui fait référence à l’arc-en-ciel, motif récurrent tout au long de l’exposition. Phénomène qui a longtemps fasciné l’homme, il est aussi à l’origine de nombreuses mythologies et symboliques. Un des premiers mythes fondateurs est celui de la déesse Iris de la mythologie grecque. Déesse de l’aurore et du crépuscule, elle établit la communication entre le domaine des dieux et des hommes. Elle symbolise la dialectique, conjure violence et naïveté, fait naître un être nouveau.
La posture politique engagée par les artistes cinétiques dans les années 1960 en rupture avec les grands principes modernes bouleversent les frontières de l’art en reconfigurant le traditionnel “rapport oeuvre-spectateur” dans le but de “donner au spectateur une participation majeure”. Motif fragile et éphémère, avec la figure de l’arc-en-ciel, les problématiques actuelles posées par les artistes comme Nicky Assman, Verena Friedrich, Fabien Léaustic et Timothée Talard nous interrogent sur la vanité humaine et la profonde transformation de l’homme et de sa relation avec son milieu naturel par le prisme des technologies. Le destin de l’homme dans cette relation reconfigurée se dessine avec l’avènement d’une nouvelle dialectique entre l’homme, le vivant et la nature.