À l’aide d’images captés en caméra infra-rouge, l’artiste invente un microcosme fait de représentation de paysages inhabités tour à tour désertiques, rocailleux, forestiers ou volcaniques. Seul un observatoire d’astronomie se dresse au milieu de cet environnement. La vidéo pourrait avoir été tournée sur une colonie humaine extraterrestre, mais le lieu que l’on découvre est Tenerife, une des îles Canaries. Les vibrations qui traversent les objets filmés, habituellement imperceptibles pour l’humain, forment la bande sonore.
Le monde que l’on découvre correspond parfaitement aux représentations communes du cosmos et, pourtant, c’est un espace terrestre. L’artiste choisit de nous faire découvrir la Terre à la manière d’un astronome observant le ciel lointain. Il nous donne à voir l’invisible et l’imperceptible de nos territoires. Une étrangeté émane de ces images grâce au procédé utilisé pour filmer : une imagerie infrarouge utilisée par les astronomes pour capter une strate du spectre lumineux, invisible à l’oeil nu. Les images représentées restent reconnaissables, elles ne sont en aucun cas abstraites, mais elles font naître chez le spectateur un sentiment d’inquiétante étrangeté.
Le cadrage joue aussi avec notre perception et renforce notre étonnement. En supprimant l’horizon, l’oeil n’a plus de référentiel, les images se renversent, on perd toute notion de spatialité. Ce n’est pas un hasard si l’observatoire est le seul plan-séquence du film, le spectateur rentre ensuite dans un autre espace mental. L’oeuvre s’inscrit dans une démarche de désorientation et de bouleversement spatial et temporel.
En questionnant nos représentations de territoires terrestres, l’artiste déséquilibre nos mythologies et schémas mentaux liés à la conquête spatiale.