Regulus consiste en un film d’animation génératif mettant en mouvement, dans une chorégraphie de formes abstraites, des milliers de photographies intimes récupérées automatiquement sur le web.
En évolution permanente, la vidéo se construit petit à petit par l’ajout de nouvelles images piochées sur des sites tels que Flickr, Instagram ou Google Images. Analysées et discriminées selon des critères formels et colorimétriques, ces photographies – comme autant de frames constituant le film – sont associées de façon pertinente, de sorte à faire apparaître un enchaînement fluide de mouvements. Le montage révèle ainsi d’autres fréquences d’images possibles, et du flux de cette matière visuelle hétérogène émerge alors une forme ronde changeant de couleur et se mouvant lentement, telle une respiration.
Le rendu visuel fait directement référence aux oeuvres d’Oskar Fischinger, de Stan Brakhage ou de Len Lye. Mais à l’opposé de ce dernier, qui revendiquait un « cinéma direct », une intervention directe sur la pellicule sans passer par le stade de la caméra, Regulus vise à réemployer des milliers de photographies toutes issues d’objectifs différents, les réunissant en un seul flux de matière visuelle de par leur espace colorimétrique. De cette forme de narration abstraite émerge alors une seconde lecture au travers des parties résiduelles des images. Dans un clignotement quasi subliminal transparaissent en effet des moments de vie, des instants intimes, personnels, dont la photogénie amateur nous est nécessairement familière. Ces photographies d’internautes se perçoivent en filigrane, comme en rêve ; croisant les regards de milliers d’individus, Regulus questionne ainsi de manière sensible l’utilisation des bases de données d’images personnelles.