Tapis en laine, télécommande, drone multirotor, socle.
Cette oeuvre poétique et drôle joue sur le dualisme de deux objets, assemblés pour créer une “sculpture multimédia” hybride, à la fois menaçante et poétique. On observe un tapis en laine posé sur un multirotor. Ce beau tapis richement orné peut s’élever et se déplacer dans les airs grâce à un drone télécommandé par une tierce personne, donnant vie à la figure mythique du tapis volant. L’artiste évoque avec cette machine le rêve ancestral de voler.
Cette interprétation contemporaine du tapis de prière naît des interrogations de l’artiste sur les clichés de la culture française.
Entre fascination et insécurité, l’artiste fait dialoguer deux univers culturels. L’objet légendaire, représentation dans l’imaginaire collectif occidental d’un Orient fantasmé et stéréotypé, se retrouve confronté à la figure du drone, machine ultra-technologique, outil de guerre, bien loin de la beauté et de la magie que propose le tapis. Moussa Sarr questionne de façon onirique l’utilisation des drones, entre fascination et insécurité.
La symbolique du tapis volant dans le monde arabo-perse est très forte, celui-ci représente un moyen symbolique de parcourir le monde, une métaphore de la connaissance, une élévation à la fois physique et spirituelle.
N’importe quel tapis porte en lui la potentialité du tapis volant, de l’évasion, du rêve. Les jardins persans sont séparés en 4 parcelles qui représentent et contiennent la reproduction idéalisée d’un monde clos, divisé en 4 parties du monde. Cette disposition forme le motif des tapis traditionnels.
Les tapis deviennent alors des lieux de rêve, des petits univers, des hétérotopies, selon le concept formulé par Michel Foucault. Ce sont les localisations physiques des utopies, qui permettent d’héberger l’imaginaire, que ce soit sous la forme du navire des corsaires, du lit familial pour les enfants lorsque les parents sont absents, autant que du lieu de culte ou du parc d’attractions, et ici, du tapis.